Virginia Woolf - Flush
Publié le 27 Janvier 2025
Une biographie qui a du chien
C’est en lisant la chronique de Nicolemotspourmots que j’ai acheté ce livre qui a pourtant dormi plusieurs mois dans ma bibliothèque.
Le thème de ce mois de janvier pour le challenge « Les classiques c’est fantastique » était « les animaux, ces héros » ce qui m’a permis de le sortir et de le lire. Merci Moka Milla et Pages Versicolores !
Nouvelle assez méconnue, publiée en 1933, « Flush » est la biographie fictive du chien de la poétesse Elizabeth Barrett Browning. Pour autant, Virginia Woolf puise dans la correspondance entre la poétesse et Robert Browning pour structurer son récit.
Flush est un jeune épagneul cocker qui naît dans la campagne chez Miss Mitford. Cette dernière, pour remonter le moral de son amie Elizabeth Barrett, alitée dans sa chambre londonienne, décide de lui donner l’animal.
D’une vie en plein air à la campagne, Flush doit d’habituer à une vie recluse en ville et apprivoiser sa nouvelle maîtresse. Autant dire que sa vie est bouleversée.
Nous assistons à la naissance des liens entre Flush et sa maîtresse. Flush ne comprend pas vraiment le langage humain mais il a de l’instinct et finit par savoir comment se comporter même quand des choses l’énervent… ou des gens, comme le fameux Robert Browning dont Elizabeth tombe amoureuse.
Les années passent et réservent des surprises menant de Whitechapel à l’Italie.
Cette nouvelle, assez méconnue, est un petit bijou de finesse. Le récit est exquis, so british, so Virginia Woolf. L’humour est omniprésent et la satire a toute sa place. Parce que derrière l’histoire de Flush, c’est toute une critique de la société victorienne que livre l’autrice : les différences entre les humains et non-humains, entre les femmes et les hommes, entre les riches et les pauvres. C’est très habilement mené et avec parfois des accents shakespeariens.
Le plus bluffant est la façon dont Virginia Woolf réussit à rendre naturel le suivi de l’histoire à travers les yeux de Flush. Il ne comprend pas toujours ce que les humains font. Lui, il aime, inconditionnellement et finit même par s’émanciper quand les Browning s’installent en Italie. Emancipation qui va de pair avec celle de sa maîtresse, enfin libérée du joug de son père et d’une société victorienne qui meurt comme sa reine.
Traduit de l’anglais par Catherine Bernard.