Publié le 31 Août 2025
Une douleur s’est installée dans mon enfance et depuis ma naissance, puisque le monde ne va pas bien. Le monde ment. Et quand je dis le monde, je parle des humains…
Le côté obscur des forces
Le constat implacable de la narratrice : tout le monde ment. Pire que tout, tout le monde se ment à soi-même.
Même les espaces de liberté ne sont que des boîtes dans lesquelles on nous case, on se case.
Nos vies sont régies par des forces centrifuges. Des forces qui nous collent à la paroi, limitent nos mouvements, nos pensées, même inconsciemment. Le monde capitaliste.
« La plupart des individus ont l’esprit d’alignement. Ce qu’ils considèrent comme une forme de révolte n’est qu’une déclinaison banale de cet alignement ».
Notre narratrice perçoit ces forces, parce qu’elle sait qu’elle est en dehors des normes qu’on voudrait lui imposer. Parce qu’elle est différente de ce qu’on attend d’elle. Et pourtant elle fait partie d’un tout.
Alors, que valent nos vies dans ce contexte d’alignement, quand les gens sont porteurs d’une « tare », celle du « sentiment d’incomplétude inhérent à l’existence, qui génère diverses formes de souffrance existentielle » ?
C’est ce que notre narratrice, sorte d’alter ego de l’autrice, cherche à savoir. Dans sa quête, elle va rencontrer toute une galerie de personnages hauts en couleur dans des lieux insolites : elle rencontre le groupe « mystère et vérité » tenu au fond d’un bar, elle rencontre les différentes SDUDUI – sectes diverses unies dans un immeuble... Sa quête lui permet d’avancer dans sa réflexion sur l’existence, avec l’aide précieuse de la philosophie mais aussi de la poésie.
Lutter contre les forces, ne serait-ce pas aussi les accepter ?
Lutter contre les forces, ne serait-ce pas prendre conscience des forces que l’on porte en nous, qui nous font avance, parfois à contre-courant ?
Lutter contre les forces, ne serait-ce pas trouver sa place dans le ressac permanent, dans les flux contradictoires, dans le marasme constant ?
Loin de vouloir à tout prix s’extraire du monde qui l’entoure et la dévore, notre narratrice utilise le savoir comme une clé mais aussi un pouvoir et si on n’atteint pas ce savoir, le fait d’emprunter le chemin vers lui donne un sens, un cap, une colonne vertébrale.
Je ne pouvais pas commencer la rentrée littéraire sans évoquer ce roman que j’aime profondément. Je suis Laura Vazquez depuis plusieursannées maintenant – je l’ai découverte d’abord avec sa poésie et notamment La Main de la main – et je suis admirative de l’œuvre qu’elle est en train de construire. Livre après livre, elle affirme sa singularité, affiche sa « différence » dans le monde de la littérature avec une puissance incroyable.
Dans Les Forces, j’ai retrouvé tout ce que j’ai aimé dans ces précédents ouvrages : la quête du sens ; l’importance des mythes, de la littérature et de la philosophie, toute cette intertextualité ; les aphorismes, les décalages et cet humour bien particulier. Pour moi, Laura Vazquez a encore franchi un cap avec ce roman dont j’ai souligné d’innombrables passages. Un roman que je vais lire et relire, c’est une certitude. Quel bonheur quand une autrice vous transporte.
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