Publié le 31 Mai 2025
Tu es allongé sur un lit d’hôpital à présent.
[…]
Tu ne sais plus comment.
Mais tu sais pourquoi.
Printemps silencieux
Mai, le joli mai embarque le printemps, les ponts et les gens vers l’été. C’est doux, c’est léger. Mais pas cette année. Mais pas ce printemps.
Gabriel, quatorze ans est dans le coma au fond d’un lit d’hôpital. La raison est le harcèlement scolaire qu’il subit. Comment en est-on arrivé à cette situation ? Pourquoi personne n’a su voir les signaux d’alerte ?
Ces questions sont soulevées avec brio par Arnaud Dudek dans ce roman choral où, tour à tour, nous avons Gabriel (à la seconde personne du singulier), Martin, le père (à la première personne du singulier) puis Marion, une des profs du collège (à la troisième personne du singulier). D’autres personnages font leur entrée par-ci par-là pour apporter un éclairage.
Le récit est brut, épuré mais fin, élégant et je dirais même enveloppant.
J’ai mis du temps à lire ce roman et pourtant, j’ai l’habitude avec Arnaud Dudek des sujets sensibles. Je pense notamment à Tant bien que mal qui abordait la pédophilie. Non, j’ai mis du temps à le lire car le sujet était sans doute un peu trop personnel, ayant moi-même subi au collège du harcèlement. C’est devenu ma hantise une fois prof et c’est toujours ma hantise en étant mère. La différence entre Gabriel et moi, c’est que moi, une fois sortie du bahut, j’étais protégée chez mes parents. Gabriel, lui, subit sans cesse le harcèlement avec les réseaux sociaux. Les conséquences sont donc d’autant plus désastreuses.
Arnaud Dudek a vraiment l’art de raconter les points de bascules, les instants de fragilité de personnages lambdas dans des situations difficiles, tragiques. Ces situations qui font souvent que quelques lignes dans les journaux dans la fameuse catégorie « faits divers » ou elles sont, au contraire, outrageusement médiatisées car récupérées par les hommes politiques.
Or, le harcèlement est une histoire de silence qu’il faut parvenir à briser. Le défi est grand, les moyens mis en place peu nombreux et efficaces. Et pourtant, on a envie que des livres comme celui d’Arnaud Dudek viennent changer les choses. Et puis, malheureusement, on voit de nouveau les informations, on voit le cas d’un lycée à Saint-Tropez qui a été obligé de réintégrer des harceleurs… On a envie de « traverser les nuages. Sans se mouiller ». En attendant, on avance comme on peut.
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