Tarjei Vesaas - Les oiseaux
Publié le 20 Février 2025
Ces mots, qu'il avait prononcés à la manière habituelle des hommes, lui semblaient bien plats et bien banals. Il aurait voulu adopter pour de bon la langue des oiseaux - rentrer à la maison et ne plus parler autrement
Monde intérieur
Au bord d’un lac norvégien vivent Hege, quarante ans et son frère Mattis, trente-sept ans.
Mattis est un être à part. Hypersensible, il ne voit pas les choses comme tout le monde. Il manque de concentration, il est souvent angoissé et son esprit divague : « ses doigts n’exécutaient pas ce qu’ils devaient faire, ses pensées les faisaient divaguer, et de temps à autre, ils cessaient tout travail ».
Il est surnommé « le Benêt » au village. Si sa réflexion est différente de ceux qu’il appelle « les futés », il a un grand instinct avec la nature. Il se lie d’amitié avec une bécasse qui fait sa parade au-dessus du toit.
La définition par les gens de la « normalité » empêche de voir au-delà des apparences et de ce qui devrait compter vraiment. Mattis est un « simple » dans un monde qui manque cruellement de simplicité, de naturel.
Face à son monde intérieur, sa sœur Hege gagne leur vie en tricotant et s’assure que tout va bien pour lui. Pour autant, elle semble usée, lassée d’être le pilier de la famille. Pour obtenir la tranquillité dont elle a besoin, elle l’enjoint à continuer de chercher du travail.
Mattis voit la magie là où sa sœur ne voit rien de spécial. Ce n’est pas qu’elle ne soit pas réceptive mais le quotidien lui tue toute magie, tout espoir.
Et pourtant, « c’est à ce moment-là qu’arriv[e] l’inattendu »…
Tarjei Vesaas a vraiment l’art de créer une atmosphère enveloppante et de transcrire avec force et réalisme le monde intérieur de Mattis. On devine le paysage, la langueur des jours qui passent, la solitude du frère et de la sœur, la faune et la flore.
Cependant, j’avoue que malgré tout le charme et la poésie de ce roman, j’ai l’impression d’être passée à côté de la magie, de n’avoir pas su apprécier à sa juste valeur ce roman. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que ce n’était pas le bon moment. J’en ressors avec une forme de tristesse imputable aussi bien au récit qu’à ce sentiment contrasté et contrarié.
Traduit du néo-norvégien par Marina Heide.
Je vais finir par me tuer à force de penser, répondit-il, et c’était la vérité
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