George Sand - À l’ombre des bois
Publié le 23 Septembre 2025
Défense de la forêt
La forêt a toute sa place dans l’œuvre de George Sand notamment dans ses romans champêtres. Il faut dire que l’écrivaine a une très grande sensibilité au vivant sous toutes ses formes. Elle étudie la botanique, lit Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, Alexander von Humboldt. Elle est au contact des paysans et de la vie rurale depuis son installation à Nohant. Ce petit « recueil forestier » de cinq textes, écrits entre 1855 et 1872, en est la parfaite illustration.
Au-delà de la sensibilité à la nature, George Sand développe une véritable pensée écologique avant l’heure. Elle résiste en effet au positivisme et elle ne veut pas voir en la forêt une unique ressource, même artistique. Elle réclame qu’on sauve la forêt pour elle-même. Elle défend la notion de « milieu » où tout s’imbrique, où toute est englobé et permet la vie sous toutes ses formes. Cette pensée est notamment décrite dans le dernier texte – La Forêt de Fontainebleau (1872). Dans cet article pour le journal Le Temps, elle évoque l’année terrible de 1871 où la forêt a subi des coupes massives avec la guerre. Malgré le désastre, l’Etat français souhaite « récupérer » les abattages de bois non réalisés pendant les deux années précédentes. Si George Sand rejoint la création du « Comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau » qui organise une pétition à destination du président Adolphe Thiers, elle a une vision bien plus proche de celle que nous avons aujourd’hui, au point d’être prophétique… Je vous laisse méditer sur les dernières lignes de ce texte :
Quand la terre sera dévastée et mutilée, nos productions et nos idées seront à l’avenant des choses pauvres et laides qui frapperont nos yeux à toute heure. Les idées rétrécies réagissent sur les sentiments qui s’appauvrissent et se faussent. L’homme a besoin de l’Eden pour horizon. Je sais que beaucoup disent : "Après nous la fin du monde !" C’est le plus hideux et le plus funeste blasphème que l’homme puisse proférer. C’est la formule de sa démission d’homme, car c’est la rupture du lien qui unit les générations et qui les rend solidaires les unes aux autres.
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