Antoine Wauters - Haute-Folie

Publié le 5 Octobre 2025

Antoine Wauters - Haute-Folie

La folie ? C’est le pays des souffrances qui n’ont plus nulle part où aller.

Atavisme

Le narrateur prend la parole. Nous ne savons pas qui il est, nous ne le saurons qu’à la fin.

Le narrateur « s’apprête à briser le silence ». Il parle alors que « toute sa lignée s’est tue ».

Il va nous conter cette histoire et tant pis si on le croit ou non.

Haute-Folie. Un magnifique nom mais qui résonne comme une prophétie funeste.

Haute-Folie. Un lieu où Gaspard et Blanche voient leur ferme prendre feu à cause de la foudre.

Haute-Folie. Un lieu où tout est à reconstruire… et pourtant tout va être détruit.

L’incendie ne s’est pas contenté de réduire en cendres la ferme, il a tout cramé sur son passage, même les êtres.

Haute-Folie devient le lieu où la malédiction familiale prend forme : « Toute notre histoire tient dans son nom ».

Comment faire pour échapper à la folie qui n’est rien d’autre qu’une souffrance qu’on ne parvient pas à éteindre, qui couve là et attend la moindre brise pour s’attiser ?

Comment ne pas tomber dans la malédiction, la contourner ?

Comment ne pas refaire les mêmes erreurs et emprunter une autre trajectoire ?

Ce sont toutes ces questions que se pose Josef, le fils de Blanche et Gaspard.

Toute une vie à tenter d’échapper au malheur.

Toute une vie à tenter de trouver une manière de vivre autrement.

Toute une vie à consigner dans des cahiers de notes ses réflexions sur le monde, sur son sens, sur la place à occuper.

Mais surtout, toute une vie à se rendre compte que la vraie malédiction, c’est « ce silence, cette distance de soi à soi que d’autres vous imposent ».

C’est un vrai plaisir d’avoir renoué avec l’œuvre Antoine Wauters. Avec ce nouveau roman, je retrouve cette belleécriture lyrique, poétique tout en étant directe, sans fioritures. Sous la noirceur du récit se dégage une vraie lumière même si parfois la manière de raconter peut creuser une certaine distance entre le lecteur et les personnages.

Le roman se lit comme une tragédie grecque où le récit de la vie de Josef est ponctué par les pages en italiques du narrateur qui forme à lui tout seul une sorte de chœur.

Au-delà de la malédiction d’une lignée, nous sommes surtout plongés dans l’importance des liens intergénérationnels mais aussi sur le poids des lieux. Tout comme l’auteur, je crois profondément à ces lieux qui nous habitent, qui nous fascinent, qui nous hantent, qui nous transforment… pour le meilleur ou le pire. La philosophie prend aussi toute sa place dans les questionnements sur la quête de soi, sur le sens d’une vie. Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de terminer cette chronique avec cette citation de Ludwig Wittgenstein en exergue de ce roman :

La solution du problème que tu vois dans la vie, c’est une manière de vivre qui fasse disparaître le problème.

Publié dans #Roman

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V
Je n'ai jamais lu cet auteur mais je compte bien le faire rapidement ! Tu es plus enthousiaste que certains un peu plus déçus, me semble-t-il...
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A
Je n'avais pas pensé à l'idée du choeur pour les pages en italiques, mais tu as raison, c'est tout à fait cela.
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I
Tu es aussi enthousiaste qu'Athalie, qui a publié son avis sur ce titre aujourd'hui ! Je retiens, d'autant plus que j'ai beaucoup aimé Mahmoud sauvé des eaux.
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Ah j’irai lire l’avis d’Athalie.<br /> Oui, il était si bien le Mahmoud.
L
Un bien beau billet. Je lirai ce livre s’il croise ma route.
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Merci beaucoup.
A
Un auteur que j'ai envie de lire depuis longtemps, mais je ne l'ai pas encore fait ; ce titre pourrait être une bonne entrée en matière.
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Oui même si je te conseille plutôt de lire Mahmoud pour découvrir l’auteur.