Publié le 24 Mars 2025
Pendant très longtemps les journées se sont déroulées de façon exactement semblable, puis je le suis mise à penser et tout à changé
Le sens d’une vie
Quarante femmes sont enfermées dans une cave. Elles sont surveillées H24 par des geôliers. Nous ne savons pas depuis combien de temps elles sont ici, nous ne savons pas pourquoi et soyons clairs dès le départ, nous ne saurons jamais rien.
La Petite est l’une de ces quarante femmes. Elle est jeune, sans doute adolescente et, contrairement à ses autres camarades de détention, elle semble n’avoir jamais connu le monde d’avant. Elle est ainsi en décalage par rapport aux autres au sujet des sentiments, des choses de la vie. Pourtant, bien qu’ignorante du monde extérieur, elle a une soif d’apprendre.
Un jour, alors que les détenues s’apprêtent à prendre leur repas, une énorme sonnerie retentit. Les geôliers disparaissent, la clé dans la serrure. C’est alors le début d’une remontée vers le monde d’avant qui a bien changé.
Quelle belle lecture que ce roman de l’autrice belge Jacqueline Harpman (1929-2012) ! Si le roman se classe en SF, j’y vois plutôt un roman d’apprentissage, de quête philosophique.
À travers la Petite et sa soif inextinguible de connaissances, d’autonomie, d’indépendance, nous abordons un sujet important : qu’est-ce qui donne un sens à une vie ? Que vaut une vie sans but ? Là où certains se tournent vers la religion pour trouver des réponses, la Petite estime que le sel de sa vie est d’apprendre et de transmettre… même s’il n’y a personne à qui transmettre. S’interroger la rend libre même dans une solitude qui emprisonne. L’acte de créer, de penser compte ainsi davantage que sa réception.
Enfin, ce qui se forge dans la Petite au fil du temps passé avec ses compagnes de fortune, c’est le sentiment, le besoin de dignité. La dignité fait l’humanité tout comme la création. C’est sans aucun doute à méditer.